- La structure du marché des formations sociales en Auvergne Rhône Alpes.
Les Instituts de formation préparant à un diplôme inscrit au Code de l'Action Sociale et des Familles sont plus d’une trentaine en région Auvergne-Rhône-Alpes. 15 d'entre eux, dont l'ARAFDES, se sont constitués en association d'associations, "URAFORIS Auvergne Rhône-Alpes", en vue de partager des ressources, de construire toute forme de coopération utile, voire d’harmoniser leur offre. Cette association d’associations a été constituée sous la bannière de leur fédération nationale UNAFORIS (Union Nationale des Acteurs de la Formation et de la Recherche en Intervention Sociale), qui regroupe et fédère plus de 170 organismes de formation sur l’ensemble du territoire.
En Auvergne Rhône-Alpes, ces organismes présentent différentes typologies :
- Des organismes polyvalents (multi diplômes et de tous niveaux de formation), d'attraction départementales ou régionales de taille moyenne (80 à 100 salariés) : IFTS, ARFRIPS, IREIS, ITSRA.
- Des écoles « multi champ », qui interviennent sur les formations sociales, mais aussi sur les formations sanitaires : Ecole Rockefeller, ESSSE.
- Des établissements dont l’activité « formations sociales » ne constitue qu’une partie, parfois même minoritaire, de leur activité, ADEA, Institut St Laurent…
- L’ARAFDES est plutôt un Institut Spécialisé : peu de filières de formation mais une singularité "formation des cadres", unique en région (voire même en France) qui la distingue des autres instituts.
Depuis le début des années 2010, la fédération nationale des instituts de formation en intervention sociale, UNAFORIS, tout comme les administrations de tarification, ont avancé l'idée de créer sur chaque région un interlocuteur unique, opérateur de l'ensemble des formations sociales, de type "Haute Ecole Professionnelle en Action Sociale et de Santé" : c’est un projet d’hypermarché d’intérêt régional, qui n’a pas encore reçu de concrétisation opérationnelle, mais qui reste un objectif crédible pour l’appareil de formation du secteur social et médico-social.
A côté de ce dispositif de formation spécifique à la branche professionnelle, de nombreux organismes (Ecoles, universités, …) dispensent des formations et délivrent des certifications qui sont susceptibles de répondre aux besoins du secteur, notamment en matière de formation des cadres ; ils constituent donc un environnement relativement concurrentiel pour l’ARAFDES. À titre d'illustration, il existe, en région Auvergne Rhône-Alpes, au moins 5 masters de management ou de pilotage des organismes de l'Economie Sociale et Solidaire, proposés par les différentes universités de la région.
- Des éléments d’évolution du contexte de la formation des acteurs de l’intervention sociale.
Qualité et accréditation.
- A la suite des états généraux du travail social des années 2014 – 2015, il a été décidé une réingénierie de l'ensemble des formations préparant à un diplôme professionnel inscrit au code de l'action sociale des familles. Ce chantier est terminé pour les diplômes de niveau cinq (création du diplôme d’AES), en cours pour les diplômes de niveau trois (requalification en niveau 2 du RNCP) et à venir pour les diplômes de niveau 1 et 2 (CAFDES, CAFERUIS, DEIS). Cette réingénierie passera notamment par un accolement des diplômes au grade de licence ou master, ce qui obligera les organismes de formation concernés à recevoir une habilitation par le Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES).
- La loi NOTRe a confié au Conseil Régional la compétence sur l’ensemble de ces formations sociales. Le Conseil Régional entend donc délivrer un agrément à dispenser ces formations, notamment au regard de la planification régionale des besoins en formations. La première campagne d’agrément est prévue à compter du printemps 2018.
- La loi du 5 mars 2014 renforce le pouvoir de contrôle des organismes de formation par les acheteurs de formation, au premier rang desquels les Organismes Paritaires Collecteurs Agréés des fonds de formation. Ces OPCA se sont regroupés pour constituer une base de données nationale unique, le « DataDock » qui référence les Instituts de formation répondant aux critères de qualité qu’ils se sont fixés. L’ARAFDES est déclarée « référençable » au Data Dock à compter du printemps 2017.
- Sans attendre ces évolutions règlementaires récentes, l’ARAFDES s’était engagée de longue date dans un processus de certification : l’ensemble de l’activité de l’ARAFDES est certifié NF 214 formation : ses procédures d’administration de la formation, de communication, de contrôle et d’ingénierie ont été déclarés conformes.
Evolution des modalités de la demande de formation.
La mise en place du Compte Personnel à la Formation, ainsi que son probable développement conduit à une plus grande individualisation de l’intention et de l’acte d’achat de formation : le salarié, le demandeur d’emploi est sollicité pour conduire par lui-même son parcours professionnel et de montée en compétence. Le futur stagiaire devient le client premier et l’Institut de Formation est conduit à recentrer sa communication sur ce client acheteur.
Du côté des clients « institutionnels », le développement des appels à propositions et appels d’offre comme voie naturelle de sélection d’un organisme de formation conduit à engager des partenariats avec d’autres opérateurs : peu d’organismes sont en mesure de répondre seuls dans des délais rapprochés à des demandes parfois excessivement complexes.
Transformation de la demande et de l’offre.
Au-delà de ces évolutions règlementaires et législatives, le milieu de la formation est impacté par des mutations plus profondes : demande d’individuation des processus de formation, intégration de l’acte de formation dans un processus global de parcours personnel et professionnel du stagiaire, horizontalisation des méthodes pédagogiques (classe inversée, pédagogie active, apprentissage par projet, partage de ressources, etc.), recours accru aux différentes modalités de dématérialisation de la formation (e-learning)
23. Des éléments d’évolution de l’intervention et de l’action sociale et des compétences attendues.
Le secteur social et médico-social est un champ professionnel d’histoire récente et qui connaît de profondes mutations. L’ARAFDES entend accompagner ces transformations par la montée en compétence des managers du secteur, mais contribuer aussi à ce mouvement de modernisation du champ social : gagner en efficience, en rigueur méthodologique et en transparence sans perdre en qualité des prestations délivrées aux usagers.
Les « attentes » à l’égard des organisations du secteur ou de leurs acteurs varient évidemment en fonction de la personne ou de l’institution qui les énoncent. Mais depuis plus d'une vingtaine d'années, la reprise en main progressive de la régulation du secteur par les autorités publiques oblige les opérateurs à prendre en compte la planification, la tarification, les orientations, la répartition territoriale de l'offre annoncées par ces administrations et inscrites dans leurs schémas et programmes. Les cadres et cadres dirigeants ont, au premier chef, à traduire ces orientations dans le réel.
Sans prétendre à l’exhaustivité dans le cadre d’un tel document, il est possible de relever quelques éléments majeurs de transformation du secteur, ainsi que les compétences à acquérir ou à renforcer qui en découlent.
- Renforcement des attentes de modernisation et d’adaptation à l’égard des organisations du secteur : Il s’agit de développer une plus grande agilité sociale, des organisations plus flexibles, qui s’adaptent à la demande des usagers, des institutions plus « orientées clients », qui doivent simultanément développer le pilotage de la performance, renforcer leurs méthodes et leur solidité procédurale. Cela demande une forte capacité d’innovation en environnement contraint et incertain.
Compétences attendues chez les cadres : Disposer d’une bonne vision stratégique, c’est-à-dire du sens de l’anticipation et d’une lecture prospective juste. Construire les organisations pertinentes, mettre en place et piloter les procédures tout en conservant une forte « agilité », des organisations mobiles, adaptables, structurées en réseau.
- Transformation rapide des ambitions et des orientations du secteur social et médico-social : ce sont les notions de "désinstitutionalisation", de gestion du parcours de l'usager, c’est aussi l’affaiblissement des frontières historiques entre domaines de l'action sociale, l’appel à une plus grande transversalité, la transformation des institutions spécialisées en organisations réticulaires. Quelle qu’en soit la forme, l’institution doit être adossée à une forte participation des bénéficiaires à la construction de l’action.
Compétences attendues chez les cadres : Assurer la veille sociale et conduire l’innovation, la coordination et le partenariat. Cela suppose de savoir prendre des risques, de garder une ouverture sur l’externe et de piloter le changement (de méthodes, de cultures, de références…).
- Reconfiguration des organismes du secteur : le mouvement de regroupements et d’alliances entre associations ou organismes du secteur est rapide et profond ; il impacte toute la chaîne des organisations ; se multiplie aussi le développement de coopérations croisées, ou l’extension du principe de coopération concurrentielle entre opérateurs du secteur.
Compétences attendues chez les cadres : Initier et participer à l’échange de connaissance, au Benchmarking. Acquérir de bonne capacité de négociation et de construction d’interrelations entre cultures professionnelles différentes.
- Gestion de la rareté de la ressource. Elle est durable. Elle impose une optimisation des coûts et mutualisation des ressources. Elle s’accompagne d’un accroissement des normes, et suppose une grande rigueur de gestion, une rationalisation des interventions ainsi que la recherche de diversification et d’hybridation des ressources. La rareté concerne aussi les talents et de nombreuses structures peinent à recruter au niveau de compétences requis.
Compétences attendues chez les cadres : Maîtrise de la gestion économique et financière, de la gestion du patrimoine, mais aussi connaissance de la fonction commerciale. Maitrise des normes, certification et processus qualité. Organisation de l’attractivité professionnelle.
- Révolution numérique. Elle se poursuit à grande vitesse ; elle porte à conséquence sur tous les segments de l’activité des ESMS. Elle suppose la conception et le développement de Systèmes d’Information pertinents et l’acculturation des acteurs au numérique.
Compétences attendues chez les cadres : maîtrise de la communication « temps réel » et de la gestion de l’information. Disposer d’une vision large des enjeux et des principes de pilotage des Systèmes d’information et de l’environnement numérique.
- Transformation des formes de l’autorité et du vivre ensemble et "horizontalisation" des relations sociales qui impactent l’exercice des fonctions d’encadrement et parfois la légitimité même de la dissymétrie des places au sein d’une organisation.
Compétences attendues chez les cadres : Capacité solides de management des collectifs professionnels. Animation des communautés métier et des parties prenantes. Empathie et vigilance émotionnelle. Exercice de l’autorité, de la décision en situation d‘incertitude. Charisme et "capacité à être".
- Urgence d'une pensée sur les finalités et le sens de l’action. Approfondissement des théories de l’action, en vue d’éviter la reproduction de manières de faire exclusivement empiriques ou intuitives.
Compétences attendues chez les cadres : Capacité en matière de construction intellectuelle argumentée. Analyse réflexive. Révision de points de vue/ressourcement. Réflexion technique, éthique et philosophique.
Ces éléments – parmi d’autres – s'imposent progressivement, sur un fond d'interrogations quant à la légitimité même de l'État-providence. Les cadres et cadres dirigeants des établissements sociaux et médico-sociaux ont une responsabilité singulière dans la capacité à rendre lisible les actes et interventions concrètes des acteurs du secteur, ceci en vue de renforcer l'acceptabilité sociale du principe même de solidarité mutualisée.