Ce n’est pas le temps qui passe, c’est nous qui passons dans le temps !

2019, déjà !

Au seuil d’une année nouvelle et se retournant sur toutes celles qui sont déjà passées, on est parfois pris de vertige par la rapidité du temps qui passe…

Le changement, le progrès, l’évolution, la compétition, les ruptures sont devenus la norme, et caractérisent à eux seuls le paradoxe de notre modernité : il faut bouger pour durer et nos sociétés ne peuvent plus se stabiliser que de manière dynamique. C’est la propulsion vers la croissance, le neuf, le différent, c’est l’impermanence qui fait la valeur des choses. D’autant que nous avons maintenant les outils pour conduire cette accélération : le web et la communication nomade ne nous laissent plus d’autre choix que d’apprivoiser l’urgence, sauf à se refermer dans le splendide isolement de l’ermite heureux.

Et force est de reconnaître que nous ne sommes pas en reste, ici, à l’ARAFDES, pour enseigner et mettre en acte la réactivité, l’adaptation, l’agilité aussi bien dans les organisations que chez les hommes et les femmes qui les composent.

Hartmut Rosa, sociologue et philosophe Allemand s’interroge dans plusieurs de ses ouvrages sur la signification et les effets de cette furie de l’accélération et du temps court, et notamment dans un petit recueil de textes très accessibles : Remède à l’accélération[1].

Il ne plaide aucunement pour un ralentissement de nos rythmes de vie et de travail, dont la mode du slow (le slow food, le slow life…) ou encore la méditation et la pleine conscience seraient les symboles, encore moins pour un principe de décroissance, autant d’attitudes un peu manichéennes qui voudraient faire croire que le rapide, c’est mal et que le lent, le temps long, c’est bien…

Sa proposition est d’un autre ordre : elle consiste à retrouver le chemin de la « résonnance ».

Il définit cette résonnance par le fait « d’entrer dans une relation de réciprocité avec le monde », pas simplement en relation avec les êtres qui nous entourent, mais aussi avec les choses, avec les lieux, avec un lieu, avec un groupe… Nous avons fait, tous, l’expérience de ces instants privilégiés où « il se passe quelque chose » que l’on ne saurait décrire : un fait, une rencontre, une situation d’apparence banale mais qui laisse germer une émotion, une ambiance, une expérience, une tension, une vibration diraient certains, qui nous bouleverse, qui ne ressemble à nulle autre et qui nous transporte…

La résonnance, cette relation, cette familiarité, aux gens, aux choses, au monde est faite de réciprocité. On ne sait pas toujours quand elle survient, ni pourquoi on la ressent. Elle suppose simplement une attention, une attitude d’ouverture qui, par elle-même, manifeste une distance, une liberté face à l’aliénation de l’urgence et du temps court, c’est-à-dire, au fond, une manière singulière de passer dans le temps plutôt que de laisser le temps passer !

Une belle lecture, pour souhaiter à chacun une belle année 2019…

Bernard LEMAIGNAN
Directeur Général.

[1] Hartmut Rosa, Remède à l’accélération. Impression d’un voyage en Chine et autres textes sur la résonnance. Philosophie Magasine Editeur, 2018.

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Publié le 05 février 2019
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Fiche actualisée le 05 février 2019
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